50 écrivains pour demain

Colum McCann, 40 ans, Irlande
Michael Collins, 40 ans, Irlande
Robert McLiam Wilson, 41 ans, Irlande
Keith Ridgway, 39 ans, Irlande
Hugo Hamilton, 52 ans, Irlande
Alison Louise Kennedy, 40 ans, Ecosse
Panos Karnezis, 38 ans, Gréce
Zadie Smith, 29 ans, Angleterre
Adam Thirlwell, 27 ans, Angleterre
Sarah Hall, 31 ans, Angleterre
Zsuzsa Bánk, 40 ans, Allemagne
Sherko Fatah, 41 ans, Allemagne
Peter Stamm, 42 ans, Suisse
Juan Manuel de Prada, 35 ans, Espagne
Carlos Ruiz Zafón, 41 ans, Espagne
Aleksandar Hemon, 41 ans, Bosnie
Marica Bodrozic, 32 ans, Balkans
Andreé Kourkov, 44 ans, Russie
Andreé Guelassimov, 40 ans, Russie
Viktor Pelevine, 43 ans, Russie
Alona Kimhi, 39 ans, Israël
Atiq Rahimi, 43 ans, Afghanistan
Asli Erdogan, 38 ans, Turquie
Chang-rae Lee, 40 ans, Corée du sud
Rick Moody, 44 ans, États-Unis
Jonathan Safran Foer, 28 ans, États-Unis
Jeffrey Eugenides, 45 ans, États-Unis
Sherman Alexie, 39 ans, États-Unis
Colson Whitehead, 36 ans, États-Unis
Brad Watson, 49 ans, États-Unis
Michel Faber, 45 ans, Pays-Bas
Guillermo Arriaga, 47 ans, Mexique
Ignacio Padilla, 43 ans, Mexique
Edwidge Danticat, 36 ans, Haïti
Rohinton Mistry, 53 ans, Inde
Patrícia Melo, 43 ans, Brésil
Hari Kunzru, 36 ans, Inde
Akhil Sharma, 34 ans, Inde
Romesh Gunesekera, 51 ans, Sri Lanka
Barlen Pyamootoo, 45 ans, Ile Maurice
Abdourahman A. Waberi, 40 ans, Djibouti
Alain Mabanckou, 39 ans, Congo
Ma Jian, 52 ans, Chine
Ibrahim al-Koni, 57 ans, Libye
Damon Galgut, 42 ans, Afrique du Sud
Elliot Perlman, 41 ans, Australie
Tim Winton, 45 ans, Australie
Nikki Gemmell, 38 ans, Australie
Hitonari Tsuji 46 ans, Japon
Hwang Sok-Yong, 62 ans, Corée du sud

Les voici! Les 50 écrivains qui seront, demain, des classiques… Ils sont irlandais, afghans, coréens ou sri lankais, indiens, américains, russes ou espagnols. Leur point commun? Une oeuvre naissante d’une extraordinaire puissance. Lire vous dévoile sa sélection, établie à l’occasion du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo.

Ils sont cinquante, venus des cinq continents. Cinquante écrivains d’aujourd’hui qui seront les grands de demain. Comment avons-nous procédé pour dresser cette liste? C’est simple. Nous avons lu. A plusieurs et pendant des mois. Nous avons retenu les oeuvres qui nous ont bouleversés, celles qui nous ont laissés sonnés. Nos critères étaient clairs: nous cherchions des voix; les prémisses de ce que l’on appelle, avec plus d’intuition que de certitudes, une oeuvre, quels que soient les genres; un style immédiatement reconnaissable; la jeunesse. Non pas que nous croyions que la jeunesse soit une vertu en soi: nombre des romanciers que vous allez découvrir dans ces colonnes ont atteint ce fameux âge mûr qui rend indifférent aux coquetteries.

Lorsque nous comparâmes notre sélection avec celle que, de leur côté, les organisateurs du festival Etonnants Voyageurs avaient faite, nous ne fûmes guère surpris de constater qu’elles étaient identiques, à quelques exceptions près. Ajoutons aux critères précités, celui-ci, tiré du formidable manifeste Pour une littérature voyageuse publié naguère par Michel Le Bris: Le refus des dogmes, des normes et des codes, des morales convenues, du cela-va-de-soi de l’ordinaire des jours, le goût d’y aller voir, de se risquer hors de sa caste et de ses certitudes, pour se frotter aux autres. Ce que nous avons voulu retenir, c’est, en un mot, l’élan.

Tous ces romanciers diffèrent, par leur style et les sujets qu’ils abordent. Et pourtant, tous ont écrit des romans qui fonctionnent comme des coups de sonde, inattendus et profonds, dans le monde actuel. Ils illustrent à merveille cette assertion de Kundera: Dans le monde moderne abandonné par la philosophie, fractionné par des centaines de spécialisations scientifiques, le roman nous reste comme le dernier observatoire d’où l’on puisse embrasser la vie humaine comme un tout. Nulle école à l’horizon, simplement des individualités. Des livres qui sont des passeports pour l’Ailleurs, le passé, le présent ou le futur. Une incroyable énergie se dégage de ces oeuvres naissantes et place les amoureux de la lecture face à ce paradoxe réjouissant: même si le désespoir teinte parfois les mots de ces jeunes écrivains, il ressort de cette liste un formidable optimisme quant à l’état actuel de la littérature. Grâce à eux, c’est l’avenir du roman qui est en train de se dessiner. Un avenir radieux, où l’imagination est – enfin – libérée.

Des lignes de force rassemblent ces auteurs. Elles seront soulignées et discutées lors des rencontres de Saint-Malo, du 5 au 8 mai, lors de la quinzième édition du festival Etonnants Voyageurs où, pour la première fois, tous se croiseront. Plus que jamais, nous vous convions à venir arpenter les ruelles de la cité corsaire aux côtés de ces futurs géants des lettres. Est-ce un hasard? Leurs points communs sont stupéfiants… Un refus de se laisser happer par la tentation nationaliste, la capacité de métamorphoser leur monde en lui appliquant les expériences glanées dans les pays qu’ils ont traversés. Et le voyage, bien sûr. Pour ne pas dire l’exil. Le métissage qui en découle s’exprime principalement à travers le sentiment, très fort, d’appartenir à plusieurs cultures à la fois. Michel Le Bris, préparant cette édition d’Etonnants Voyageurs et nous rendant visite à la rédaction de Lire, l’a très bien formulé, l’autre jour: Ce métissage n’est pas un idéal qu’il serait chic d’affirmer façon”United Colors of Benetton”; ce télescopage est une douleur, mais une douleur sublimée et qui accouche d’une oeuvre d’art.

Les lieux, à ce titre, ont eux aussi leur importance. Londres, bien sûr, où vivent et écrivent l’Indien Hari Kunzru, l’Anglo-Jamaïcaine Zadie Smith, le Sri Lankais Romesh Gunesekera… Berlin, où les principaux écrivains allemands sont d’origine hongroise (Zsuzsa Bánk) ou irakienne (Sherko Fatah). New York, toujours, où l’Irlandais Colum McCann voisine avec le banlieusard Rick Moody, Colson Whitehead ou l’Haïtienne Edwidge Danticat. Mais aussi Oxford, dans le Mississippi, à l’ombre de Faulkner: Là, derrière le génial Brad Watson et le talentueux Tom Franklin, s’écrit le renouveau de la littérature du Grand Sud…

Un mot encore. Certaines nationalités sont absentes de cette liste et vous n’y trouverez pas d’écrivains français. Pourquoi? Parce qu’on ne sent bien qu’en comparant. Et qu’il y aurait quelque démesure à comparer une littérature familière, la nôtre, à celles qui proviennent du monde entier, filtrées par l’étape de la traduction. Nul doute qu’un magazine littéraire étranger – américain? italien? espagnol? allemand? japonais? … – saura déceler en France les pépites que nous n’avons voulu nommer. Mais ceci est… une autre histoire.